Entretien avec Mr Juillard

Entretien avec notre nouveau Consul général de France à Sydney

En poste depuis septembre 2022, le nouveau Consul général nous a partagé ses premières impressions de l’Australie. Habitué aux fonctions diplomatiques, Mr. Juillard envisage son nouveau poste avec enthousiasme. Il décrit la communauté française présente ici comme une communauté jeune et dynamique.

 

-Vous venez d’arriver il y a 2 semaines, quelles sont vos premières impressions de l’Australie ? 

« Pour le moment je n’ai découvert que 2 ou 3 quartiers de Sydney. Mais c’est passionnant. J’arrive avec la curiosité que l’on a toujours en découvrant un nouveau poste et un nouveau pays. Je n’étais jamais venu en Australie. Je connaissais surtout le pays, de loin, à travers les quelques morceaux d’histoire partagés. Mais quand l’occasion s’est présenté, effectivement j’ai sauté dessus car ce pays a la dynamique qu’on lui connaît, qu’il est au centre d’énormément de choses. Je savais aussi que la communauté française ici était extrêmement dynamique, extrêmement active et donc c’était forcément un travail passionnant. Donc je suis très curieux, mais pour le moment je suis encore dans la phase où je découvre beaucoup de choses. »

 

-Et par rapport aux Australiens que vous croisez dans la rue. Est-ce que vous avez déjà identifié des choses en vous disant que ça ne fonctionnait pas de la même manière qu’en France ? 

« Déjà, arriver au moment du décès de la Reine c’est quelque chose de très intéressant. Ça révèle des choses qui sont extrêmement intéressantes sur le côté attachement au Royaume-Uni et de manière plus générale à l’Europe j’ai l’impression. Ça reste un ensemble. Mais ça met aussi en évidence le positionnement géographique du pays et son éloignement par rapport au Royaume-Uni, en étant dans l’Asie-Pacifique. On voit cela au travers de sa population, avec des intrications, des filiations, etc. C’est intéressant à voir. »

-Environ 50% des Australiens sont nés en dehors de l’Australie… 

« Oui, ça ne m’étonne pas du tout. Là, les quelques balades que j’ai pu faire. Je m’amusais à compter le nombre de langues que j’attrapais au passage. Et ça montait très très vite. 

 

-Quelles ont été vos précédentes fonctions ? Est-ce que c’est la première fois que vous assumez le rôle Consul général ? 

« Oui, c’est la première fois. J’ai beaucoup travaillé dans le domaine politique, dans le domaine diplomatique. J’ai beaucoup travaillé ces dernières années sur des questions économiques. J’ai été chef de service économique, directeur adjoint de la diplomatie économique. Mais, en fait, on peut se dire que ce sont à chaque fois des métiers différents. Ce qui est vrai. Mais malgré tout on est jamais très loin de la chose consulaire quand on fait ce métier.

 

-C’est votre première expérience dans un pays anglo-saxon ? 

« Pour vous expliquer rapidement, j’ai été en poste : en Haiti, en Suisse, en Mauritanie, en Israel, aux Pays-Bas et en Algérie. Donc c’est mon septième poste à l’étranger. Je me suis quand même beaucoup occupé des Pays anglo-saxons puisque j’ai été deux fois en poste à la direction des Amériques. Donc je m’occupais surtout des Etats-Unis. Et un peu du Canada également. »

 

-Quand on parle de vos fonctions en tant que Consul général, c’est être au service de la population française en Australie. Comment est-ce que vous envisagez cette fonction ? Surtout que vous arrivez à un moment où il y a de nouveau beaucoup plus de touristes, beaucoup plus d’activités. C’est une opportunité aussi… 

« Oui, alors moi j’ai été étonné quand j’ai appris que j’avais été nommé à Sydney. Je me renseignais un peu sur la communauté donc j’étais un peu au courant. Mais je ne pensais pas que ce serait à ce point là au niveau du dynamisme. La configuration de la communauté française est tout à fait étonnante. C’est vraiment une communauté jeune, de jeunes actifs, d’entrepreneurs, de gens qui sont venus là pour s’installer. J’ai déjà croisé énormément de gens qui sont venus s’installer parce que l’occasion s’est présentée, parce qu’il y a avait des opportunités, parce qu’il y avait des choses à faire. Et tout cela c’est extrêmement enthousiasmant. Et donc oui, on a une communauté avec laquelle on va pouvoir commencer à faire des choses. On a relancé il y a 6 mois les tournées consulaires, qui permettent au consulat général d’aller à la rencontre des communautés partout ailleurs en Australie. Avec l’aide de notre réseau de consuls honoraires. Donc on voit remonter les choses en puissance, les visas par exemple. Nous voyons que les Australiens recommencent à partir en France. Les étudiants ont des visas long séjour. Donc oui, les choses reprennent. Dieu merci !

Le nouveau Consul général Martin Juillard aux côtés de François Vantomme.

 

-On a eu une période un peu tendue entre la France et l’Australie suite à l’épisode du contrat des sous-marins. Aujourd’hui, on a l’impression qu’avec le nouveau Gouvernement australien, les relations sont de nouveau ouvertes. Il y aura donc aussi beaucoup d’opportunités qui vont se créer…

Moi j’ai juste une chose à dire sur le sujet, depuis ma fenêtre consulaire. C’est que dans cette période de turbulence, je constate que les échanges commerciaux n’ont pas bougé. Il y a eu une profondeur dans la relation, une densité dans la relation, qui n’est pas tributaire de la relation entre Etats. On a donc un socle sur lequel on peut s’appuyer, qui reste là. La communauté française a d’ailleurs joué un rôle important durant cette période, en continuant à travailler. Il faut que les entreprises françaises implantées sur place continuent à travailler, continuent à proposer des opportunités et à les saisir. Le fait que l’on ait pu continuer à travailler avec les Etats fédérés, avec les provinces, tout ce travail là, de fond, c’est là-dessus que l’on peut s’appuyer pour aujourd’hui réouvrir les choses dans la relation bilatérale. C’est ça la vérité. Et ce travail là qui a été fait, malgré les turbulences politiques et malgré les difficultés, le fait que la communauté se soit serré les coudes, qu’elle ait continué à travailler, ça c’est important.

 

-Oui parce que l’on a tous un rôle à jouer finalement, on est tous un maillon de la chaîne qui entretient cette relation. On participe activement à entretenir cette relation diplomatique en tant que Français vivant ici…

Oui complètement. Je sors d’une réunion avec les VIE (Volontaires Internationaux en Entreprise), parce que, là aussi, le flux reprend. Et c’est une excellente nouvelle. On recommence à envoyer des VIE en Australie, là on en a une dizaine qui sont arrivés ces dernières semaines. Et à travers toute l’Australie, pas seulement à Sydney. Moi c’est ce que je leur ai dit, j’insiste auprès d’eux en leur disant qu’ils sont dépositaires. Vous avez une responsabilité collective, on en a tous une. Et cette responsabilité n’est pas vis-à-vis de l’Etat français. Elle est vis-à-vis de l’ensemble de nos compatriotes. On est responsables pour nous, pour ceux qui viendront après nous, mais aussi pour notre image en tant que population, que peuple, que communauté. Ça on en est tous dépositaires. »

 

-On voit qu’il y a aussi une relation d’admiration réciproque entre la population australienne et française, dans différents domaines…

« Alors ça je suis pas là depuis assez longtemps pour le voir. Moi ce qui m’a frappé, c’est de voir qu’en l’espace de 5 jours après mon arrivée, on m’avait déjà énormément parlé du lien historique entre les 2 pays. Alors d’abord à travers les explorateurs et ensuite par rapport à ce qu’il s’était passé pendant la Première Guerre mondiale. Et effectivement, ça se matérialise dans la ville, à travers le nombre de mémoriaux, de monuments, de marques du souvenir que l’on peut avoir. Et ainsi de suite. Et tout ça ça marque. Ce genre de choses ça se transmet. »

 

-Il y a plus d’1 million d’Australiens qui disent, chaque année, vouloir aller en vacances en France…